Agile – Retour aux sources – Psychologie & Cybernétique

Agile – Retour aux sources – Psychologie & Cybernétique

Psychologie & Cybernétique

Et si l’Agilité, la Cybernétique et la Psychologie contemporaine avaient une origine commune…

Une telle affirmation peut, de prime abord, paraître bizarre mais, quand on se donne le temps de l’analyser, il semble pourtant évident que, pour mener à bien le management de produits complexes, il est indispensable de s’appuyer sur les fondements de la Cybernétique (1) et de la Psychologie (2).

(1) Cybernétique (définition) Science qui étudie les mécanismes de communication et de régulation dans les machines et chez les êtres vivants. Par extension, la Cybernétique, considérée un temps comme la science de gouvernement, est devenue aujourd’hui la science des systèmes complexes et autorégulés. Elle se focalise sur les interactions entre ces systèmes pour tenir compte de leur comportement global et appliquer ces interactions aux autres champs scientifiques et économiques. D’après W. R. Ashby, « la Cybernétique est à la machine réelle – électronique, mécanique, nerveuse ou économique – ce que la géométrie est aux objets réels de notre espace terrestre » [ASH]. (2) Psychologie (définition) Discipline qui vise la connaissance des activités mentales et des comportements en fonction des conditions de l’environnement, Connaissance empirique, intuitive des sentiments, des idées, des comportements humains.

1. Agilité et le lien avec la Cybernétique et la Psychologie

Rappelons ici 3 points historiques.

A. Informatique et cybernétique

Les prémices de l’informatique naissent à partir des travaux d’Alan Mathison TURING (1912-1954) [MTU] [OCN]. Alan Mathison TURING est considéré comme le père de la conception théorique des ordinateurs modernes [MT2]. Sa contribution à la victoire des alliés pendant la Seconde Guerre Mondiale est décisive grâce au décryptage des codes allemands, notamment Enigma. Les bases du fonctionnement de l’ordinateur qu’il conçoit sont posées dans une langue binaire, (algèbre de Boole) composée uniquement de 0 et de 1. Cette « machine de Turing » se révélera obsolète dès l’apparition, en 1944, du Harvard Mark I d’IBM, un monstre de cinq tonnes occupant 37m2 utilisant ses principes à la puissance 1000 ! Après-guerre, il travailla à la conception des premiers ordinateurs et contribua à l’élaboration des premières théories et premiers modèles sur l’Intelligence Artificielle. Les travaux d’Alan Mathison TURING sur l’algorithmie poussent la Cybernétique à émerger à partir de la Biocybernétique puis qui donnera naissance à la recherche sur l’intelligence artificielle. [PIA]

→ Autant dire que c’est l’Informatique qui a contribué à faire naître la Cybernétique et que ces deux sciences sont nativement « liées ».

Anecdote 1 : Au début des années 2000, nous discutions sur les origines de l’Agilité ; Les mots comme « Cybernétique », « Systémique » et « Changement » revenaient dans toutes les discussions entre Experts.

B. Psychologie et Informatique

Le second point est la théorie de la communication de l’école de Palo Alto [EPA], considéré comme une base de la psychologie moderne.

Apparue dans les années 1945-1950, cette Théorie de la communication avait pour objectif de formaliser et de modéliser la relation homme-machine entre les ordinateurs naissants et leurs utilisateurs, en théorisant et en conceptualisant la communication afin de « l’inculquer » aux ordinateurs. Elle représente la base de la cybernétique qui, pour faire ressortir l’élément de communication, utilise le concept de boîte noire, ce qui permet de le dissocier de l’élément émetteur ou récepteur. [CYP]

Initiée lors d’un colloque de chercheurs réunis dans cette ville proche de San Francisco, cette théorie jette les fondements de la compréhension du processus d’informations, détermine l’importance de la relation entre les interlocuteurs, les acteurs de la communication et le message. Il pose le principe de la notion que « l’on ne peut pas ne pas communiquer » et détermine le caractère essentiel du contexte de communication à la bonne compréhension du message. Ce modèle prend également ses sources dans la cybernétique dont on ressent l’influence au travers de nombreux thèmes communs dont la Thérapie de Groupe et le mécanisme de communication.

→ Un lien fort entre Psychologie et Informatique est donc intrinsèque aux fondements des deux disciplines qui, paradoxalement, ne seront, ni l’une ni l’autre, reconnues comme sciences au début de leur existence.

Anecdote 2 : Au sujet de la Psychologie, dès 2007, chez Agilbee, nous avons travaillé sur les aspects psychologiques et fait quelques présentations sur les changements majeurs apportés par l’Agilité dans les équipes. En 2010, une psychologue a rejoint l’équipe d’Agilbee pour essayer de développer une unité de psychologie en liaison avec les projets complexes… Manifestement, c’était un peu trop tôt en France à ce moment-là… Quelques années plus tard, une autre psychologue nous a dit que nous avions réinventé une partie de la psychologie cognitive ! Sur le moment, nous nous sommes interrogés : Certes, nous parlions bien indirectement de psychologie positive mais en aucun cas nous n’en avions imaginé un caractère aussi formel !

C) Psychologie et Management de Produit/Projet Informatique

Le troisième et dernier point concerne l’ouvrage « Project Retrospectives : A Handbook for Team Reviews » (2001) [PRN] de Norman L. Kerth. Selon Norman, les rétrospectives sont directement issues des thérapies de groupes pour être appliquées au monde de l’entreprise. Et, pour qu’une rétrospective soit efficace et réussie, elle doit permettre aux animateurs et aux participants de savoir vaincre la « peur du châtiment » et établir un climat de confiance mutuelle. A l’aide de scénarios détaillés et imagés, il propose une méthode formelle pour préserver les enseignements précieux tirés des succès et des échecs de chaque projet, rendre les équipes plus fortes et générer de substantielles économies.

→ Cela semble démontrer le caractère incontournable de l’influence de la psychologie sur le Management de Projet Informatique.

Anecdote 3 : Il faut savoir que l’ouvrage de Norman L. Kerth influence tellement les courants de pensée des réseaux, autour de l’Agilité, au début des années 2000, que la méthodologie Scrum, inventée en 1994 et publiée en 1995 [SCR], incorpore la rétrospective comme pratique essentielle qui transforme la méthodologie en un Cadre de Travail (Framework). La préface du livre montre par ailleurs bon nombre de personnalités des réseaux agiles du moment. Le livre « Agile Rétrospective » [ARE] d’Esther Derby et de Diana Larsen va enrichir cette pratique avec un éventail impressionnant de pratiques.

En résumé, l’Informatique faire naître la Cybernétique ; La Cybernétique influence la psychologie ; Et la psychologie influence l’informatique avec la rétrospective. Ces éléments étant posés, il devient incontestable que Cybernétique, Informatique, Psychologie et Agilité sont intimement liés : Rien d’étonnant, alors, de retrouver dans l’Agilité des activités communes à la psychologie et la cybernétique comme les rétrospectives, le leadership et les mécanismes de Communication, de Feedback, d’Autonomie avec l’Auto-Organisation et d’auto-régulation.

2. Au vu de ces éléments, questionnons-nous : « Est-ce vraiment la réalité de l’histoire ? »

Eh bien non ! En fait, c’est l’informatique elle-même qui réinvente les mécanismes d’apprentissage en continu avec, par exemple, des valeurs simples comme la transparence, l’inspection et l’adaptation que l’on retrouve dans le Framework Scrum. Le domaine de l’Agilité a toujours été très pragmatique ! Nous en avons pour preuve les études comparatives entre cybernétique et agilité qui montre clairement les différences dues à l’émergence du pragmatisme de l’agilité.[CSE]

→ Il semble donc que « réinventer des choses déjà existantes » soit un don de l’homme, dans une volonté de faire sans arrêt du neuf avec du vieux.

Anecdote 4 : Si l’agilité réinvente des points essentiels de la cybernétique provenant de la recherche, nous constatons que la réciproque est également vraie. Par exemple, lorsque des scientifiques de l’université de Cleveland invente l’« Appreciative Inquiry », des coachs sportifs de haut niveau appliquaient déjà ces méthodes déjà depuis des décennies. L’approche Action Types mais aussi bien d’autres vont ainsi faire l’apologie de travailler ses forces avant de travailler ses faiblesses.

La psychologie n’a donc pas influencé directement l’informatique avec l’arrivée de l’Agilité mais l’Agilité a marqué, par sa naissance, une sorte de nouveau point de reconnexion forte entre informatique et psychologie, au même titre que la cybernétique avait lancé le mouvement.

En conclusion

Les 3 domaines (Psychologie, Cybernétique et Informatique) sont bien plus ancrés qu’ils n’y paraissent : ils sont véritablement interconnectés. Plus précisément, si la cybernétique n’est qu’une science infime à côté de l’informatique et de la psychologie, elle reste ni plus ni moins le premier point de connexion intéressant de l’histoire entre ces deux sciences. Le fait qu’aujourd’hui l’informatique introduise une complexification de notre société et des possibilités de communication différente, la cybernétique semble être un point de comparaison intéressant entre la théorie et l’approche terrain. Et puis, nous entrons dans une ère où notre évolution est maintenant liée à nos propres machines et à leur algorithmie. Les premières machines liées à la compréhension des comportements, des émotions et de l’identification psychologique vont introduire des modifications profondes dans la perception de notre compréhension du monde et de l’intelligence collective des entreprises et organisations. A un moment où nous nous posons à peine des questions sur la protection de nos données personnelles, que restera-t-il de notre façon de penser lorsque nos machines seront capables de générer ses données à la volée ? Nous devenons prédictibles, des proies faciles au machine de commercialisation de grandes institutions, et les couleurs Bleu-Vert-Jaune-Rouge de la plupart des grandes firmes ne nous trompent plus. Que nous restera-t-il alors ? Le libre-arbitre ? Même pas sûr…

En revanche, le fait que l’informatique soit désormais au cœur de toutes les entreprises, il s’agit pour elles de savoir gérer la complexité des systèmes mis en œuvre… De fait, les informaticiens détiennent un pouvoir de transformation et d’influence planétaire (au niveau des entreprises comme des gouvernements) comme aucun autre métier n’a jamais eu, hormis peut-être les diplomates. Il s’agit d’une opportunité pour tous les peuples. Gageons que ce pouvoir soit utilisé comme un outil de liberté et de démocratisation des pays. Maintenant, si les points positifs d’un tel pouvoir sont facilement imaginables, on a encore du mal à mesurer le côté négatif, à l’instar du philosophe Michel Serres qui estime que l’on diffuse de plus en plus nos connaissances mais que l’on s’aliénise de plus en plus.

Patrice Petit — 17 juillet 2018

Références

  • [MTU] La machine de Turing, Alan Turing et Jean-Yves Girard, 1999
  • [MT2] Alan Turing – L’homme qui inventa l’informatique, David Leavitt, 2007
  • [ASH] Introduction à la cybernétique, William Ross Ashby, Dunod, 1958
  • [OCN] L’ordinateur et le cerveau, J. Von Neumann, La Découverte, 1992
  • [PIA] La Cybernétique : Les principes de l’intelligence artificielle, www.astrosurf.com/luxorion/cybernetique.htm
  • [PRN] Project Retrospectives : A Handbook for Team Reviews », Norman L. Kerth, 2001
  • [ARE] Agile Retrospectives – Making Good Teams, Esther Derby et Diana Larsen,The Pragmatic Progrmmers,  2006
  • [SCR] Agile Software Development with SCRUM, Mike Beedle, Ken Schwaber, Pearson, 2001
  • [EPA] L’école de Palo, Dominique Picard, Edmond Marc,  2015
  • [CYP] Cybernétique et psychologie, https://encyclopedie_universelle.fracademic.com/5512/CYBERN%C3%89TIQUE_-_Cybern%C3%A9tique_et_psychologie
  • [CSE] Conference on Software Engineering Advances (ICSEA)
  • [CET] Collaboration Explained: Facilitation Skills for Software Project Leaders, Jean Tabaka, 2006
Agile – Retour aux Sources

Agile – Retour aux Sources

Les Secrets du Mot « Agile »

Alors que, de plus en plus, les « méthodes agiles » ont le vent en poupe, tant elles s’adaptent aisément à tous les secteurs et domaines, il est bon, parfois, de prendre le temps de se remémorer leur origine.

Patrice Petit, acteur reconnu depuis 2005, année depuis laquelle il intervient avec succès dans le domaine de l’Agilité à la tête de l’équipe d’AGILBEE, n’y est pas allé par quatre chemins pour en avoir le cœur net et connaître, avec certitude, les véritables origines du mot Agile. En 2016, Il s’est, tout simplement, adressé aux signataires du « Manifesto For Agile Software Development »[MA], LE document considéré universellement comme étant le point de départ des cadres de travail et méthodes agiles !

Tout part du fond des Etats-Unis où un groupe de 17 consultants tergiverse quant à un lieu de rendez-vous… La mer ? La montagne ?… Finalement, ce sera à la montagne, à Snowbird, Wasatch Mountains, dans l’Utah. Ces 17 forment une bande de « potes méthodologistes » qui ne s’étaient croisés qu’au cours de conférences scientifiques. L’épouse de Jeff Sutherland, qui eut la chance de croiser lesdits consultants, déclara qu’elle n’avait jamais croisé en même temps des personnes aux égos aussi forts…

Egos ou pas, le « Manifesto » fut rédigé en à peine deux heures de temps.

Il restera en l’état jusqu’en 2017, date à laquelle de nombreux professionnels ont demandé de le « réactualiser ». Quoi qu’il en soit, le « Manifesto » restera à jamais tel qu’il a été conçu à l’origine, tant il a marqué un point de départ et un état d’esprit précis en 2001 de la compréhension de la situation très chaotique de nos métiers.

Quand Patrice Petit a sondé les signataires du « Manifesto » qui lui sont les plus proches sur l’origine du mot « Agile », il lui a été répondu qu’avant lui, PERSONNE n’avait encore posé la question…

Et puis d’abord, pourquoi se poser la question ?

Parce que, pour beaucoup de gens, les origines sont doubles :

  • D’une part, l’Agilité est apparue avec l’émergence de l’Informatique
  • Et, d’autre part, l’Agilité est évoquée du côté des sciences humaines, industriels et autres leaders dont le management et la capacité de s’adapter aux changements.

Patrice Petit affirme qu’il n’y a en réalité qu’une seule et unique origine.

D’ailleurs, lorsque les spécialistes parlent de ce point, ils reviennent toujours sur cette ambiguïté… D’où son questionnement.

Voyons comment est né ce mot « Agile » :

dot voting 1

Son choix a été réalisé à la suite d’un vote d’un atelier facilité par Alistair Cockburn [ASD], l’auteur célèbre en Agile pour ses travaux sur Crystal[CR]. Il décrit la scène dans un mail adressé à Patrice Petit : « Nous avons réalisé un brainstorming d’une heure et listé tous les mots possibles qui pouvaient nous intéresser. Nous en avons discuté plusieurs, et POURQUOI nous ne les aimons *pas*. »

Ils ont obtenu le TOP 5 :

  • Lean (non retenu car déjà utilisé)
  • Lightweight (non retenus car sans consistance réelle)
  • Essential
  • Adaptive (tr. Adaptatif)
  • Agile

« Adaptive » ne fut pas choisi car faisant référence trop clairement au livre de l’un des signataires, Jim Highsmith, intitulé « Adaptive Software Development: An Evolutionary Approach to Controlling Chaotic Systems » [ADD].

Finalement – et naturellement, après un second vote, c’est « Agile » qui fut choisi.

A posteriori, on se demande à quoi a servi ce vote, tant le choix du mot « Agile » est évident… et encore plus lorsque vous aurez lu ce qui suit.

Maintenant, vu les égos en présence, il n’y a pas eu unanimité. Un consultant – et non des moindres, Martin Fowler[MFR], s’est même écrié : « Wait, we can’t pick that word because now for sure this thing is going work! » (tr. Attendez, nous ne pouvons choisir ce mot dans l’état parce qu’il est certain que ce truc va marcher !). Lorsqu’il parle de “this thing” (tr. ce truc), il fait référence au « manifesto ». Comme quoi, même les meilleurs peuvent se tromper…

Le Manifesto

Ces 17 consultants créèrent le manifesto en mettant l’accent sur 4 valeurs et 12 principes qui soulignent l’importance du Changement, de l’implication du client, d’un Produit de qualité et d’une Dynamique de groupe dans le secteur de l’informatique. Ce manifesto ponctue un nouveau courant de penser l’organisation des projets en informatique et la manière de fabriquer des produits dans un environnement fortement changeant.

US Army

agilemanufacturing

En poursuivant ses recherches de sens et de retour aux sources, Patrice Petit a découvert un bien étrange lien entre l’Agilité et des travaux de l’armée américaine datant de 1991*. Demandé par le congrès des Etats-Unis, l’US Army [CME] avait influencé la société IBM pour qu’elle étudie, lors d’une conférence intitulée « Agile Manufacturing Enterprise Forum », un moyen capable de supplanter la stratégie d’industrialisation mise en place par les Japonais qui prenaient de plus en plus de place dans le paysage industriel international au détriment des pays occidentaux. Ces travaux ont été d’ailleurs publiés dans un livre intitulé « Agile Competitors and Virtual Organizations: Strategies for Enriching the Customer » publié en 1994 [ACE]. Il en ressort que les américains voyaient l’Agilité comme un moyen d’intégration du changement, un moyen de mettre le Client au cœur de ce changement, de profiter de l’incertitude lié au changement pour en tirer une opportunité business mais aussi comme une opportunité de reprendre du leadership sur l’industrialisation au 21ième siècle.

* « Le fait que tous les grands industriels mondiaux doivent construire une nouvelle infrastructure pour faire la transition de la production de masse vers une industrie agile offre une opportunité unique pour l’industrie américaine de retrouver le leadership perdu dans les années 1970 et 1980. (…) Les pays qui se concentrent maintenant sur l’accélération de la transition vers l’industrie agile deviendront les plus forts compétiteurs sur les marchés internationaux. Seul un effort concerté, coordonné par l’industrie, soutenu par le public et avec la coopération des institutions gouvernementales et universitaires peut y parvenir. », Extrait de « 21st Century Manufacturing Enterprise Strategy Report », Roger N. Nagel, 1992

La découverte d’un tel lien et similitude entre le « Manifesto » et ces études est, pour le moins, troublante. Dans une société où tout le monde cherche sans cesse à se renouveler avec de vieux concepts et se les approprier, cela nous laisse dans l’interrogative.

Questionné par Patrice Petit à ce sujet, Mike Beedle, qui parle désormais d’Entreprise Scrum, répondit qu’il ne s’agissait là que d’une pure coïncidence. Sans penser le moins du monde à remettre sa sincérité en doute, on peut néanmoins s’interroger sur l’impact qu’il semble avoir joué dans le choix du mot. En effet, Mike Beedle est le co-auteur du 1er livre sur Scrum. Il a aussi écrit des articles sur les organisations agiles, dès 1997 [MB1][MB2]. Avait-il déjà oublié, 3 ans après, qu’il connaissait ce mot ? Peu de voix ont fait la différence, lors du vote, entre Adaptive et Agile. Alors, quel a été l’impact du vote de Mike Beedle ? Personne ne le saura jamais ! Certes, à aucun moment les signataires ne se sont manifestés pour le contredire. Et l’intuition de Martin Fowler était au final passé complément inaperçue jusqu’au jour où Mike Beedle nous remonta cette phrase qui l’avait marqué sur le moment.

Les propos échangés entre Patrice Petit et certains cosignataires du « Manifesto For Agile Software Development » ont été relaté sur HBR par Jeff Sutherland dans un article intitulé le « secret de l’histoire de l’Agilité » mettant en avant les avancées proposées par ce dernier (https://hbr.org/2016/04/the-secret-history-of-agile-innovation).

Mike Beedle a, depuis, publié officiellement dans son blog que c’était bien lui qui avait suggéré le mot Agile. Il a ainsi réalisé une chose que l’on aurait jamais pu comprendre s’il n’avait pas forcé le destin ; Il a choisi le meilleur mot qu’il fallait pour que ce manifesto ait du sens et soit le lien parfait avec ce qui s’était passé dans l’industrie de son pays. Mike a délibérément montré la voie à suivre pour transformer les industries américaines et européennes en industries agiles. Il a également indirectement prouvé qu’il ne s’agissait pas que de l’industrie mais bien de tout type d’entreprises qui est concerné par cette avancée.

On notera également que le lien avec l’industrie apparaîssait aussi sous d’autres angles dans l’Agilité. Par exemple, Jeff Sutherland a choisi lui aussi le nom de son framework « Scrum » à partir des travaux de Takeuschi et Nonaka [TN]. En sachant que Takeushi et Nonaka décrivent l’état d’esprit de ce qui se passe dans les industries japonaises dans les années 70 et 80 propulsé par TPS, nous en revenons encore au même : Agilité et TPS sont 2 concepts très proches dans leur philosophie et le lien avec l’industrie est encore présent.

En conclusion, l’origine du mot « agile » date de 1991 avec les travaux d’IBM. Quant à l’agilité au sens méthodologique, elle puise bien son origine en 2001 avec le Manifesto. Le fait que l’Agilité a été appliquée et a réussi dans d’autres domaines d’activité que l’industrie, tel que l’Informatique, montre la remarquable machine de transformation des entreprises qu’elle représente. Lean échoue dans leur mise en place dans les années 70-90 dans le domaine industriel occidental ; Il manquait quelque chose. L’agilité a montré la voie sur les détails qui font la différence : l’état d’esprit et l’esprit d’équipe. Et les mots-clefs en sont : Changement, Leadership, Satisfaction des Équipes et Satisfaction des Clients. Tant de points, qui montrent la métamorphose de nos entreprises occidentales, vont dans le respect de l’écologie individuel et collectif.

Au printemps 2018, Mike Beedle nous a quitté, tragiquement assassiné à Chicago dans la rue par un schizophrène ; Patrice Petit avait décidé après la publication de l’article de Jeff Sutterland de ne rien publier ; Son départ nous a fait réagir et nous souhaitons lui témoigner ainsi qu’à sa famille notre plus haute gratitude. Nous ne t’oublierons pas et nous rappellerons à tous ce qui veulent l’entendre ce que tu as pu apporter à nos métiers, nos Sociétés et à l’entreprise d’aujourd’hui et de demain. Merci Mike !

Références :

  • [MA] Manifesto For Agile Software Development, https://agilemanifesto.org
  • [CRY] Crystal Clear: A Human-Powered Methodology for Small Teams: A Human-Powered Methodology for Small Teams, Alistair Cockburn, Edition Wisley, 2004
  • [ASD] Agile Software Development: The Cooperative Game, Alistair Cockburn, Wisley, 2006
  • [ADD] Adaptive Software Development: An Evolutionary Approach to Controlling Chaotic Systems, James A. Highsmith, Dorset House Publishing, 2000
  • [CME] 21st Century Manufacturing Enterprise Strategy Report, Roger N. Nagel, Iacocca Institute Lehigh University, 1992
  • [ACV] Agile Competitors and Virtual Organizations: Strategies for Enriching the Customer, Steven L. Goldman et Roger N. Nagel, 1994
  • [TN] The New New Product Development Game, Ikujiro Nonaka et Hirotaka Takeuchi, Harvard Business Review, 1986
  • [SCR] Scrum Guides, J. Suttherland, Ken Schwaber, 2017.
  • [MFR] Refactoring: Improving the Design of Existing Code, Martin Fowler et Kent Beck, 1999
  • [MB1] CooherentBPR – a pattern language to build Agile organizations, Mike Beedle, 1997 (https://hillside.net/plop/plop97/abstracts/beedle.txt)
  • [MB2] Enterprise Architecture Patterns – building blocks of the Agile Company, Mike Beedle, 1998

Atelier de Budgétisation Participative

Atelier de Budgétisation Participative

Pour plus d’engagement citoyen, un atelier de Budgétisation Participative

POUR QUI ? L’ENSEMBLE DES ÉLUS TERRITORIAUX !

Vous qui êtes confrontés à la baisse des dotations de l’Etat et à l’augmentation des Fonds de Péréquation des Ressources Intercommunales et Communales,

Vous de qui les administrés exigent de faire plus, même avec moins de budget…

Cet atelier vous est destiné, tant il vous permettra, épaulés par les experts en conseil en organisation, en facilitation et en innovation d’AGILBEE, de résoudre cette quadrature du cercle en faisant émerger, comme une évidence, les évolutions, améliorations et solutions choisies par et pour le plus grand nombre.

COMMENT ?

Dans un premier temps, se trouvent réunis dans une seule et même salle à la fois les élus, des citoyens engagés (Personnes fortement impliquées dans la vie de la collectivité) et les experts facilitateurs AGILBEE, disponibles à tout moment, sur simple demande. Puis, répartis par groupes, ces acteurs se voient affecter un budget virtuel. Leur mission est de lister, prioriser et étudier la faisabilité des solutions apartisanes préconisées puis, après débats totalement ouverts, d’affecter cet argent public virtuel là où il sera la plus efficace pour les citoyens et la ville.

De fait, cette approche agile et collaborative permet :

  • D’ouvrir la discussion et d’écouter l’ensemble des points de vue,
  • De dégager un consensus qui induira la priorisation de l’orientation budgétaire.

POURQUOI ?

Les principaux avantages de cette méthode (dite “budget games”) sont :

  • L’obtention de l’assentiment – et la compréhension des citoyens engagés et représentatifs quant aux choix budgétaires de la cité,
  • Le développement de l’engagement civique des administrés et la dynamique citoyenne de la commune et
  • La responsabilisation et l’implication des acteurs représentatifs présents.

Training from the Back of the Room Expliqué

Training from the Back of the Room Expliqué

Cet article « training from the back of the room expliqué » donne des explications sur la pédagogie de Sharon Bowman.

« Training from the Back of the Room! » (TBR) ou l’art de passer de « L’enseignant parle. Les apprenants écoutent » à « Lorsque les apprenants parlent et enseignent, ils apprennent » !

Qui, parmi nous, n’a pas le souvenir de ces élèves, souvent relégués au fond de la classe, à qui les enseignants interdisaient toute velléité d’expression à coup de « On ne discute pas pendant les cours ! » ?

Qui n’a pas le souvenir d’avoir vu d’autres élèves un peu plus sur la réserve, des introvertis, à qui le manque de spontanéité à la vie de la classe a fini par leur coûter cher sur leur bulletin ? [INT][CSE]

Pourtant, eux aussi auraient dû avoir la possibilité de profiter pleinement de leur cerveau…

L’idée de cette formation, destinée aux enseignants, est donc d’une évidente simplicité : Leur permettre d’évoluer sereinement vers un enseignement destiné à impliquer et conserver l’attention des apprenants, grâce à des méthodes agiles couronnées de succès faites de simulations, de partage, de mise en situation, d’expérimentations…

Conduit par Patrice Petit, premier francophone certifié Formateur de Formateurs en « Training From The Back Of The Room », ce cours s’appuie sur les enseignements de Sharon Bowman, formatrice d’enseignants expérimentée et auteur du concept de “Training from the Back of the Room!”[BOW2], qui, en plus de son expérience de formatrice de formateurs, s’est inspirée de ce que nous faisons avec nos activités de conduite de changement en agilité.

Comment ?

Les techniques proposées dans notre formation sont centrées sur l’apprenant et permettent aux enseignants de créer des cours emprunts de motivation, d’échanges et de participation.

A l'image de l'Agile Manifesto, voici les 4 Valeurs que tout enseignement devrait suivre

Agile Manifesto For Accelerating Learning

Elles développent les compétences de l’apprenant en lui permettant de découvrir le potentiel du cerveau humain, particulièrement en termes de mémorisation.

Hautement interactives, ces techniques tirent parti des avancées des neurosciences et permettent, de manière simple, efficace, de stimuler l’activité cérébrale des apprenants et facilitent grandement la transmission ET l’acquisition des connaissances. De fait, cet enseignement s’apparente au courant de pensée de Montessori qui s’appuie sur le respect du rythme de l’apprenant, sur l’apprentissage en autonomie et sur la prépondérance des périodes sensibles de l’apprenant (on parle, pour les enfants âgés de moins de 6 ans, « d’esprit absorbant », à savoir leurs facultés à observer, comprendre puis faire par eux-mêmes).

L’avantage des techniques de Sharon Bowman réside dans le fait qu’elles s’appliquent à tous types de matières, sans limite aucune : Mathématiques, Histoire, Dessin, Management de Projet, Programmation Informatique… Patrice Petit a ainsi pu pallier l’absence de coaching des étudiants en mettant en œuvre, au sein d’Universités françaises et d’une École d’Ingénieur ENSI, le « Training from the Back of the Room! » dont la dimension « Tout devient implication » est fortement appréciée, tant ce concept a permis un bien meilleur apprentissage de matières, auparavant jugées par les élèves comme rébarbatives ou abstraites…

Pourquoi ?

AgilBee, depuis 2005, intervient avec succès dans le domaine de l’Agilité grâce aux talents de facilitateur de ses équipes. Nous avons, à ce titre, accompagné plusieurs centaines d’entreprises dans leurs projets de transformations et de formations agiles, formé et certifié plusieurs milliers de personnes.

Cette expérience nous a convaincu d’une chose : Notre crédo, « Learning By Doing » (tr. Apprendre En Faisant) n’est pas, à lui seul, un gage absolu d’apprentissage, même si ce type d’enseignement est plus que nécessaire. « Training from the Back of the Room! » permet d’aller bien au-delà de ce concept et le rend, de facto, bien plus efficace.

Lorsque les apprenants parlent et enseignent, ils apprennent

C’est cette certitude que nous souhaitons voir partagée par et avec les enseignants !

Sachant que, dans les réflexes propres au cerveau humain [BOW1][BRA],

  • Le mouvement l’emporte sur l’immobilisme,
  • Parler l’emporte sur écouter,
  • Les images l’emportent sur les mots,
  • L’écriture l’emporte sur la lecture,
  • Le plus court l’emporte sur le plus long
  • Et la différence l’emporte sur l’identique…

pourquoi, au nom de méthodes d’un autre âge, aller à l’encontre de la nature humaine ?

Que vous soyez Formateur, Enseignant ou Responsable pédagogique, AgilBee vous propose de suivre, sans plus attendre, son cursus de formation « Training From The Back Of The Room! » composé, comme il se doit, de 70% de pratique.

NB : A l’issue de cette formation, vous seront offerts, en sus d’un document de 55 pages représentant une ressource indispensable à utiliser après la formation, deux ouvrages :

  • « Using Brain Science to Make Training Stick »
  • Et « Training from the BACK of the Room ! 65 Ways to step aside and let them learn »

Publié le 06 Mars 2018

RÉFÉRENCES

La budgétisation participative ou l’Agilité au service des élus territoriaux

La budgétisation participative ou l’Agilité au service des élus territoriaux

Jeu de Budgétisation Participative Agile – Engager les citoyens dans la vie de leur ville

Dans le contexte désormais « tendu » où se trouvent nos collectivités territoriales, l’Agilité permet de réfléchir, ensemble (élus et administrés) aux réponses à un problème insoluble : Faire plus avec moins de budget… Impossible ? NON, « impossible n’est pas Français » !

D’une part, nos collectivités subissent de plein fouet la baisse des dotations de l’Etat et doivent faire face à l’augmentation des Fonds de Péréquation des Ressources Intercommunales et Communales,

D’autre part, les citoyens sont de plus en plus demandeurs de services de proximité de qualité, sans pour autant accepter de bonne grâce la hausse des impôts locaux…

Les experts en conseil en organisation, en facilitation et en innovation d’AgilBee mettent leur talent pour contribuer à résoudre cette quadrature du cercle en faisant émerger, comme une évidence, les évolutions, améliorations et solutions choisies par le plus grand nombre, pour le plus grand nombre.

Comment ?

L’atelier de « Budgétisation participative » proposé s’appuie sur le concours actif des élus et des citoyens engagés* pour lister, prioriser et étudier la faisabilité des solutions apartisanes préconisées. *Personnes fortement impliquées dans la vie de la collectivité (au sein d’associations, d’établissements scolaires, d’institutions, d’entreprises locales, etc.)

Une fois tous ces acteurs réunis dans une seule et même salle, ils sont répartis par groupes auxquels est virtuellement remis une somme d’argent correspondant à une partie du budget de la ville. S’engage alors une discussion pour décider l’affectation de cette ligne budgétaire là où elle sera la plus efficace pour les citoyens et la ville. Cet échange est fluidifié par les experts facilitateurs d’AgilBee qui sont à disposition pour fournir toute explication nécessaire à la mise en place du mode collaboratif.

Les objectifs de cette approche agile sont :

  • De prioriser l’orientation budgétaire,
  • D’organiser un débat lors duquel tous les points de vue seront exprimés,
  • De réaliser un consensus en fonction des demandes des administrés.

Pour quels avantages ?

Obtenir l’assentiment – et la compréhension des citoyens engagés et représentatifs quant aux choix budgétaires de la cité permet d’augmenter l’engagement civique, de responsabiliser l’implication des acteurs présents et la dynamique de la commune.

Dans le cadre de cet atelier, il est proposé l’étude de cas de la ville de San José, aux Etats-Unis, mise au défi d’accroître, en 2014, son engagement dans une situation économique difficile due à la baisse des revenus de ses administrés retraités. Une augmentation de la taxe locale était une solution potentielle, mais la ville avait besoin que ses citoyens soutiennent cette idée.

Basé sur le succès passé en utilisant une version présentielle des jeux de priorisation, “budget games”, la ville a décidé d’utiliser une version en ligne pour atteindre un plus grand nombre de citoyens. En une semaine, près de 200 habitants de San José ont joué à 34 jeux de budget. Les résultats ont révélé un soutien global au processus d’arbitrage, donnant des informations de qualité sur les impacts, raisons ou origines d’économies.

LES RÉSULTATS : LES RÉSIDENTS INFLUENT SUR LE CHANGEMENT

Dès 2012, la Ville s’est engagée à l’écoute de ses citoyens : 80% des choix des citoyens ont été intégrés dans le budget de la ville. « L’avis du citoyen est essentiel pour le processus budgétaire à fondement communautaire de San José » a déclaré le maire Chuck Reed. « Quand nous avons eu des déficits, les priorités à régler ont été travaillées collaborativement lors de séances, les citoyens ont fourni en entrée des éléments clés pour aider à faire des choix difficiles de sélection et priorisation des crédits. » Bien plus proche de nous, une ville peut-elle faire faillite en France ? A priori, non !

Les communes françaises ne peuvent théoriquement pas atteindre le niveau de dette record des villes américaines, comme la ville de Detroit, cité de plus de 700 000 habitants, grevée par une dette de quelques 18 milliards de dollars qui s’est déclarée en faillite en Juillet 2013. En France, l’hypothèse apparaît improbable car de nombreux garde-fous existent pour empêcher la descente aux enfers.

LA SOLUTION : JEUX EN LIGNE POUR UNE PLUS GRANDE PORTÉE

De fait, il est interdit d’emprunter pour combler un déficit de la section de fonctionnement ou une insuffisance des ressources propres. En clair, le code général des collectivités locales n’autorise le recours à l’emprunt que pour financer des investissements, pas pour les frais courants. Pour surveiller et éviter les écarts, les comptes de chaque commune sont contrôlés par l’Etat. Là, l’administrateur des finances publiques, représentant comptable de l’Etat dans le département, certifie la bonne tenue des comptes. Malheureusement, ce contrôle ne permet pas toujours d’éviter le « décrochement » d’une ville.

Dans l’hypothèse d’un déficit grave, les préfets peuvent prendre, comme à Grigny en 2009, le contrôle des opérations et imposer des mesures drastiques, notamment des hausses d’impôt et, conjointement, des réductions des dépenses publiques. Notons enfin ici qu’une mise en place d’une budgétisation (partielle) participative a été, en 2014 puis en 2015, effectuée par la ville de Paris. Elle a permis aux parisiens de soumettre à leur mairie des projets destinés à améliorer leur qualité de vie. Plus de 17000 personnes ont imaginé de tels projets et près de 5000 initiatives ont été retenues (à la suite d’un vote qui a réuni plus de 40000 internautes) et présentées en ligne sur www.idee.paris .

De ce fait, près de 500 Millions d’Euros (soit 5% du budget d’investissement de la ville) seront ainsi consacrés à leur réalisation, tout au long de la mandature actuelle.

L’atelier de « Budgétisation participative », à l’instar de l’ensemble des formations, prestations de conseil et de coaching AgilBee, représente une « boîte à outils » efficace, collaborative et coopérative qui aide à trouver, ensemble, les solutions !

Patrice Petit – 05 Mars 2018

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